Il s'agit d'un phenomène répandu dans les écoles nippones. Il désigne en général des brimades mais cache une réalité encore plus dure.
Alors malgrè le fait que les brimades soient répandues dans toutes les civilisations (et la notre ne se place pas dernière bien entendu), ce phenomène possède une ampleur particulière au Japon.
Là bas, la persécution sévit partout. Elle débute dans les écoles, et se poursuit même parfois sur les lieux de travail.
Attention, on ne parle pas ici de bizutage comme on peut le rencontrer en France, mais réellement d'un harcélement continu qui finit malheureusement trop souvent en suicide.
- Quelques exemples pourraient être parlant, les voici donc :
" Le premier adolescent mentionné, désigné par la lettre "A.", collégien racketté et roué de coups plusieurs fois par trois de ses anciens amis, se jette du treizième étage d’un immeuble en juin 1994. Les derniers mots inscrits sur son cahier d’écolier sont " je n’en peux plus de ces brimades. Chaque jour est un enfer".
Le second exemple est celui de « B. », 14 ans, insulté et battu par ses camarades, tandis que ses chaussures disparaissent, que ses manuels scolaires sont retrouvés dans la poubelle, couverts d’injures telles que "Tout le monde te déteste ici, disparais, meurs !". Sa mère alerte le professeur responsable de la classe, sans succès. B., pour avoir mêlé les adultes à cette histoire, voit les persécutions redoubler. Ils sont 15 à s’acharner sur lui. Par une journée de juillet 1994, 6 filles de sa classe tartinent sa table de margarine, et répandent sur sa chaise de la poudre de craie et des punaises. B. rentre chez lui après les cours et se pend dans sa chambre. Inscrit dans l’établissement depuis avril, il a tenu bon quatre mois."
- Bien évidement il est délicat d'obtenir des sources et encore plus des chiffres fiables puisque la majorité des personnes victime de l'ijime ne parle pas. Cependant, 70 000 personnes étaient concernées en 1996 selon le ministère de l'éducation.
Le comportement de l'administration face à ce phenomène est quant à lui discutable puisque les cas sont pour la plupart niés, et bien souvent camouflés.
- Mais quelles sont les raisons d'un tel phenomène?
Là encore, il n'est pas simple de répondre à cette question.
Le système scolaire japonais est, il est vrai, très "uniformisant". toute personne qui se démarque des autres est donc là bas suceptible d'être dénigrée. La concurrence que connaissent les élèves entre eux est sans doute elle aussi un facteur. Par exemple, les notes des élèves sont affichées dans la classe et tout le monde y a accès. Si on compare avec la France, on verra la différence car ici, la discrétion est de rigueur (j'ai souvenir de professeur qui refusait d'énoncer nos notes à l'oral car les autres n'avait pas à savoir).
- Alors le phenomène de l'ijime est-il typiquement japonais?
NON! je suis bien placée pour le savoir, vu que j'en ai été victime durant de nombreuses années. C'était extremement difficile, j'etais harcelée par TOUTES les filles de ma classe. Vraiment toutes. On me faisait manger de la boue, on en mettait dans mon sac, on jettait mes affaires dans les poubelles des cantines, ou du second etage (et je me faisais coller si j'allais les recuperer!!!!) , On me fourait de la neige dans le sac, on dechirait mes vetements... ca s'est aretté (enfin 2/3 semaines....) le jour où j'ai ECLATE le crane d'une des nanas qui me prennaient la tete... Y'a jamais eu de plaintes, rien du tout... Mais putain que ca fait du bien!!!
Le pire, les profs et le principals etaient TRES BIEN AU COURANT, vu que la meneuse etait la fille d'un excellent ami du principal.... Mais personne ne faisait rien pour me proteger... Et je sais que ca continue, car je vois souvent des gamins subir ce que j'ai subit.
Si c'est tabou au Japon, au moins certains en parlent la bas.
Ici, non, evidemment, ca n'existe pas...
On preferera interdire les piercings aux strings apparents aussi, c'est le meme rapports aux choses de la societe educatrice francaise...
- Une citation d'un auteur japonais sur l'ijime :
" MIYAMOTO apporte une réponse à la fois claire et nuancée : "L' ijime est une action oppressive, et, c’est regrettable à dire, cette pratique honteuse est une caractéristique de la culture japonaise. (…) Je ne prétends pas que le ijime (…) soit une pratique uniquement japonaise. La persécution sévit partout dans le monde (…). Mais c’est surtout chez les adolescents qu’on observe ce genre de pratique. (…) Le ijime chez nous se pratique dans le monde des adultes, et (…) c’est une pratique reconnue par tout le monde. C’est par cela que le ijime japonais est particulier." "
- Pour finir, je rapellerai que l'ijime est présent dans la fiction (les mangas, les films ou les animes) et pour ne citer qu'un exemple, je parlerai de GTO...