Depuis le début du 7e siècle, on trouve au Japon des hommes qui, en observant attentivement les planètes, les étoiles, la lune ou le soleil, sont capables de prédire l’avenir. Ces personnes étaient communément appelées les « onmyoshi »…
**|** L’onmyodo **|**
Au septième siècle donc, des bouddhistes chinois spécialisés en astronomie et arts divinatoires ont importé au pays du soleil levant une école de pensée qui se fera connaître comme l’« Inyo gogyo ». Un nom bien bizarre n’est-il pas ? Que signifie donc ce nom ?
Si l’on en croit cette pensée, l’univers tout entier serait composé de deux éléments primordiaux : l’ombre (in) et la lumière (yo). Ces deux éléments sont présents dans chaque chose afin de former des couples d’éléments, tels que par exemple le soleil et la lune, le ciel et la terre, l’homme et la femme, etc. « In » et « yo » sont donc deux forces opposées, mais également complémentaires. Car l’un ne peut exister sans l’autre.
Passons à présent à la signification du second terme. « Gogyo » désigne le mouvement perpétuel et l’alternance des cinq éléments de base, tous issus du mélange entre l’ombre et la la lumière : le feu, l’eau, le bois, le métal et la terre. Tous les phénomènes de l’univers pourraient être ramenés à ces 5 éléments. De ce fait, la connaissance de ces 5 éléments permettrait de prédire toute chose sur Terre.
**|** Son apparition **|**
Cela apparut dans la société nippone sous le nom de « onmyo ». Très rapidement, l’onmyo fut adopté et devint par la même occasion un des piliers du pouvoir de l’Empereur. C’est pourquoi, en 676, on établit l’Onmyorio, une structure d’état qui contrôlait l’Onmyodo, et on construisit le Senseidai, une sorte d’observatoire astronomique.
Exemple de Senseidai : http://homepage2.nifty.com/kenjik/images/senseidai.jpg
« Onmyoshi » était ainsi le nom donné aux employés de cette structure. On les considérait souvent comme des magiciens, alors qu’en réalité, ils n’étaient que des employés de l’État. Leur activité principale consistait à prédire l’avenir et à chasser le Mal. De nombreuses fêtes célébrées au Japon encore aujourd’hui furent créées à cette époque.
Les nobles de l’époque croyaient fermement à cet art, au point qu’il parait même que la ville de Kyoto fut bâtie selon les règles de l’Onmyodo, et ce afin d’en éloigner les esprits.
Si nécessaire, les onmyoshi étaient aussi capables d’asservir les shikigami, des esprits généralement maléfiques.
**|** Seimei Abe **|**
Seimei Abe est sans aucun doute l’un des onmyoshi les plus connus. Bien sur, peu de choses sont connues à propos de cet homme, mais si on en croit la légende, sa mère serait un renard blanc appelé Kuzunoha. Les pouvoirs de cet homme étaient si puissants que très tôt on commença à raconter des légendes à son propos. Certaines de ses actions furent d’ailleurs reprises dans des livres anciens comme le Konjaku Monogatari (datant du 12e siècle), et l’Ookagami (datant du 13e siècle).
On raconte qu’à l’âge de 5 ans, il sauva un serpent qui se faisait torturer par des enfants. Le serpent en fut reconnaissant et n’était autre que le Roi Dragon. Ce dernier lui fit cadeau deux dons : le Talisman du Roi Dragon, objet permettant de guérir les maladies et les blessés, de changer l’avenir d’autrui et de donner la vie éternelle à son prochain, et les Yeux Bleus, autrement dit la faculté de prédire l’avenir et de comprendre le langage des animaux. Grâce à ces deux dons, Seimei sauva la vie de l’Empereur, ce qui lui permit d’entrer dans le cercle fermé des onmyoshi. Malgré ses grands pouvoirs, ce n’est qu’à partir de 57 ans qu’on le désigna officiellement comme onmyoshi.
Les religions japonaises parlent souvent de nombreuses divinités bien distinctes. L’onmyoshi était un être capable de les contacter et de communiquer avec elles. Aujourd’hui encore il reste quelques rares familles anciennes qui se transmettent ce savoir, mais cet art et ses connaissances ont disparu au fil des ans.
** Sources **
http://en.wikipedia.org/wiki/Onmyodo
http://www.docoja.com:8080/jisho/mainword?dbname=histf&mainword=Onmyodo
http://www.webdico.com:8080/jisho/keyword?dbname=histf&keyword=philosophie
Ichiguchi Keiko, « Pourquoi les japonais ont les yeux bridés », Editions KANA, 2007