Au Japon, le mode des funérailles ("otsuya") le plus pratiqué est l'incinération selon les rites bouddhiques, le Shinô ne s'occupant jamais des funérailles, le contact de la mort étant considéré comme "polluant".
Juste avant la mort, il est du devoir du plus proche parent d'humecter les lèvres du mourant. Le corps est ensuite lavé à l'eau chaude, puis habillé de vêtements blancs ( "kyôkatabira"). Mais, de plus en plus, ces tâches sont prodiguées par les officines spécialisées où se déroulent les rites de lavage du corps ( "yukan"), de la veillée funèbre, du service religieux et de la crémation.
Un religieux est ensuite chargé d'écrire le nom posthume ( "kaimyô" ) du défunt sur une table ("ihai") qui est placée sur l'autel devant sa photographie.
Durant la veillée ("tsuya"), le corps est posé à plat, tête au nord, et recouvert d'un tissu blanc. A coté, sur une petite table, on a placé quelques offrandes de riz blanc, de sel et d'eau, et des bâtonnets d'encens sont brûlés en permanence, tandis que le religieux bouddhiste récite des sûtra ( -_-" celui qui me fait une blague là-dessus, je le massacre
) . Les invités à la veillée du corps ont coutume d'apporter de "l'argent pour l'encens" ("kôden") dans une enveloppe blanche et des fleurs.
Le lendemain, le corps est placé dans un cercueil de bois blanc de cyprès, et incinéré. Après cette cérémonie, les proches parents récoltent quelques ossements avec des baguettes et les mettent dans une urne ("kotsutsubo") qu'ils déposent sur une table dans leur maison, à coté de la photographie du défunt, d'un encensoir et de la tablette funéraire. On enterrera cette urne dans un cimetière 49 jours ("kichû") après la crémation. Pendant ces sept semaines, la famille s'abstient de réjouissances. Théoriquement, un service religieux doit être fait tous les sept jours pendant ce deuil, puis les premier, troisième, 17eme, 33eme anniversaire.
Les funérailles de type shintô se déroulent à peu près de la même manière, mais le corps est alors enterré et non incinéré. Un prête shintô fait des cérémonies de purification ("oharai") devant un autel décoré de cordes shimenawa et de branches de sakaki. On ajoute alors à la tablette un nom d'esprit ("mikoto") au kaimyô et on joue de la musique traditionnelle tandis que les participants à la cérémonie offrent des branches de sakaki ornées de bandes de papier blanc plié (« tamagushi »… Pas de jeux de mots stupides s’il vous plaît :p ).
Un décès est annoncé par une feuille de papier blanc bordée de noir apposée pendant toute la période de deuil sur la porte de la maison. Les cérémonies terminées, les parents du défunt envoient aux participants à la veillée funèbre un petit cadeau de « retour d’encens » (« kôdengaeshi ») afin de leur témoigner leur gratitude.
Les funérailles font l’objet d’un commerce fort lucratif pour les temples bouddhiques et les officines spécialisées, qui font généralement payer très cher leurs services. Les rites sont généralement observés, mais il arrive souvent qu’ils soient abrégés par souci d’économie ou bien en raison de circonstances particulières. Le deuil (« kichû ») peut alors ne durer qu’une semaine ou deux au lieu des sept requises par la tradition. Car il est rare que ces rites soient faits dans un esprit de piété, mais bien plus souvent pour obéir à la coutume. Leur durée comme leur somptuosité sont généralement fonction du statut social du décédé. Les empereurs sont généralement inhumés à la mode shintô, bien que dans le passé nombreux furent ceux qui se firent incinérer, étant de fervent bouddhistes.
Mais la place manquant au Japon, plus de 90% des funérailles comportent une incinération. De nos jours, la coutume, surtout dans les grandes villes, tend à ce que les funérailles se fassent avec un grand luxe cérémoniel, accompagnées de spectacles, de musique, de projection vidéo. Les entreprises de pompes funèbres rivalisent d’ingéniosité et de créativité, le simple recueillement traditionnel n’étant plus considéré comme nécessaire.
Source :" Le Japon, dictionnaire et civilisation", Louis Frédéric, ed.Laffont, 2005